Quelle laïcité ?

Au cours du temps et selon la période historique concernée, les mots laïcité et laïc ont couvert diverses réalités.

En France, jusqu’au 19e , le laïc était celui qui, tout en étant croyant et chrétien, ne faisait pas partie du clergé, et ainsi au sein même de l’église catholique, certaines tâches étaient dévolues aux laïcs. Avec la IIIe République, et les débuts du 20e siècle, les lois sur la laïcité consacrèrent la séparation de l’Eglise de l’Etat. Cependant en cette même période, le concept de laïcité fut teinté d’un anticléricalisme militant, bien souvent athée ou pour le moins agnostique, et parfois bien étroit et tout aussi sectaire qu’un certain clergé dont il voulait combattre le pouvoir sur les esprits et la société.

Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, et le concept d’un Etat laïc est non seulement unanimement accepté en France, mais même a été au fondement des Constitutions de pratiquement tous les Etats francophones en Afrique et souvent ailleurs, et en particulier au Niger.

Cependant dans le domaine de l’éducation, la laïcité conserve encore souvent un sens particulier, et peut encore, signifier parfois la volonté affirmée d’imposer au sein de l’école l’abstention de toute référence religieuse ou même de toute mention de la religion, autre que dans le cadre de l’histoire ou des sciences humaines.

Pour nous, le Lycée Enoch Olinga est un établissement d’enseignement laïc en ce sens qu’il est absolument exclu pour tout acteur de la vie de notre lycée d’essayer d’user de sa position au sein de l’établissement pour promouvoir une confession ou une conviction particulière au détriment d’autres confessions. Bien au contraire, nous estimons que l’école doit être le lieu de l’apprentissage du respect envers toute la diversité de l’humanité, et envers toutes les religions et cultures, dans ce qu’elles peuvent apporter de richesse à l’édification de la future civilisation universelle vers laquelle l’humanité doit se diriger.

Nous croyons fermement que la future civilisation vers laquelle l’humanité s’achemine, ne pourra être réalisée que par l’unité dans la diversité. Et nous croyons aussi que toutes le religions peuvent trouver en elles-mêmes les injonctions les guidant vers cette unité :

Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un homme et d’une femme, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. Dieu est certes Omniscient et Grand Connaisseur.
« Le Saint Coran, 49:13 »

Fréquentez toutes les religions dans l’amitié et la concorde, afin qu’elles puissent respirer sur vous les doux parfums de Dieu.
« Le Kitab-i-Aqdas, 1:144 »

Nous sommes loin de pouvoir nous imaginer de manière adéquate toute la richesse et la forme que prendra cette unité dans la diversité. Elle sera, bien sûr, débarrassée de tous les replis identitaires désastreux qui rongent pratiquement toutes nos sociétés actuelles à travers la planète. Mais nous pouvons aussi être certains qu’elle sera profondément différente de l’uniformité oppressante qui se présente actuellement aux peuples du monde comme l’unique et inéluctable visage d’une globalisation triomphante, et qui reste essentiellement matérialiste par ses mécanismes, ses motivations et sa vision.